En Bretagne, chaque ville, chaque lac et chaque pierre a sa légende. Les contes et autres histoires empruntes de surnaturel sont monnaie courante et ont bercé l’enfance de beaucoup de petits bretons. Plongez aux origines de ces histoires et découvrez des légendes qui ont façonné la culture bretonne et dont l’influence se retrouve encore aujourd’hui, comme le fameux mythe d’Arthur de Bretagne.

 

Les histoires qui se racontent en Bretagne dépassent les contes remplis de créatures fantastiques. La Bretagne c’est aussi de nombreux lieux pleins de magie et de légendes sur leurs propriétés ou sur leurs habitants. Châteaux hantés ou théâtres d’événements surnaturels, fontaines miraculeuses…. Les histoires ont souvent un fond de vérité, comme les racines celtiques du Noël breton.

 


Le menhir de Kerloas et ses légendes


Le menhir de Kerloas est certainement l'un des monuments les plus visités du pays d'Iroise. «Le Bossu» ou «An Tort», c'est ainsi qu'on le surnommait jadis à cause de ses deux bosses.

Les deux saillies en forme de bosse du menhir de Kerloas, d'une trentaine de centimètres, étaient jadis l'objet d'un rite de fécondité. Les nouveaux mariés venaient nus se frotter le ventre contre les bosses du menhir, la femme d'un côté, le mari de l'autre.

 

L'homme était certain d'avoir une descendance mâle, la femme de gouverner son époux à sa guise.

 

En 1911, Guénin rapporte également que le mégalithe était réputé avoir un pouvoir de guérison et que des malades venaient secrètement se frotter aux bosses du menhir dans l'espoir d'être guéris. Ce même auteur nous apprend aussi que c'est une « bonne femme » qui l'apporta dans son tablier... D'autres personnes l'attribuent à Gargantua qui le mit en place ainsi que tous les blocs de granit qui parsèment les champs de Plouarzel, pour se venger des habitants de la paroisse car ils ne lui avaient donné à manger que de la bouillie.

 

 

Un trésor

La légende dit aussi qu'un trésor serait caché, visible uniquement pendant la nuit de Noël. Cette légende dit qu'au premier coup de minuit les menhirs couraient s'abreuver à l'océan. Mais, lorsque sonnait le douzième coup, ils avaient déjà repris leur place, stoïques, immobiles, insensibles aux attaques du temps. Et malheur aux imprudents qui, éblouis par les richesses dévoilées, avaient oublié l'heure; ils étaient écrasés...

 

Le menhir de Kerloas fut classé monument historique le 25 septembre 1883. Il est censé être le plus haut menhir de France (et du monde)... Mais debout. Actuellement, il se dresse à près de 10 mètres du sol (12 mètres avant que la foudre ne tronque la partie sommitale).

 Et les principaux morceaux qui gisaient à son pied furent utilisés, l'un pour fabriquer une auge, l'autre comme pierre d'entrée de champ.


Noël, une tradition celte ?

Le Noël breton, qui a beaucoup hérité des traditions celtiques, donne lieu à des fêtes empreintes de magie et de légendes. Les racines celtes de cette fêtes et sa très forte identité culturelle lui font conserver certaines traditions et légendes.

La messe de minuit

Aller à la messe pour nos ancêtres cela voulait dire faire plusieurs kilomètres à pied, de nuit, par tous les temps sur des chemins boueux... tout en chantant des cantiques de Noël....Ceux qui restaient pour garder la maison et les animaux étaient chargés de disposer des couronnes de paille dans les champs autour de leurs pommiers pour s'assurer une belle récolte....

 

Le sapin de Noël

Le "vrai sapin de Noël" se doit d'être un épicéa. Cette tradition peut trouver son origine chez les Celtes qui dédiaient cet arbre au jour de renaissance du soleil (solstice d'hiver) et l'appelait "l'arbre de l'enfantement". On ne touchait jamais au gui réputé magique et sacré car le 23 décembre, jour du solstice d'hiver était aussi chez les Celtes le "jour de la pierre brute", le jour où on cueillait rituellement le gui avec une faucille d'or...

 

Les cadeaux de Noël

Ils se limitaient souvent à un sucre d'orge ou un "petit jésus" en sucre ou encore une belle pomme ! Les bonnes années les parents y ajoutaient une orange en complément.

 

Les enfants trouvaient leurs cadeaux dans leurs sabots le matin du 25 décembre, à condition qu'ils soient bien propres. Inutile de vous dire que jamais sabots n'ont été aussi bien astiqués que le 24 décembre au soir !

 

La bûche de noël

Une belle pâtisserie aujourd'hui, la bûche de Noël était, de fait, un énorme bois de chêne, hêtre, orme, arbre fruitier.... un bois dur à combustion lente. Appelée Kef nedeleg, kod an nedeleg, an etev nedeleg ou encore tos an nedeleg, la bûche était aspergée d'eau bénite et de sel avant d'être brûlée. La combustion pouvait durer plusieurs jours mais devait surtout chauffer la veillée de Noël après la messe...Les braises étaient recueillies car elles avaient des vertus médicinales, mais on prétendait aussi qu'elles protégeaient de la foudre, des serpents et qu'elles purifiaient l'eau de pluie. Les invités repartaient parfois chez eux avec un sabot plein de braises, ce qui leur permettait d'allumer le feu à leur retour chez eux....

 

Une nuit magique

Les croyances anciennes sont particulièrement nombreuses sur la veillée de noël :

 - Pendant que sonnent les 12 coups de minuit on entend au loin le son des cloches des villes englouties et on peut voir des menhirs qui sortent de terre pour aller boire à la source. Ils ont laissé à leur emplacement un trésor mais il faut se hâter pour s'en saisir avant leur retour !

 - Au cours de cette nuit de Noël aucun esprit satanique ne peut agir ni aucune sorcière surgir, les korrigans comme l'ankou se sont éloignés.

 - Pendant la messe de minuit les animaux parlent "la langue de l'homme" dans leurs étables.

 - Des pastorales étaient jouées dans les églises et une légende des Côtes d'Armor raconte le miracle de Sainte Brigitte, pauvre infirme sans bras, qui reçut l'enfant de Marie sur ses genoux et qui retrouva ses mains et ses bras pour langer le divin enfant en lui chantant la berceuse de Noël.


L'énigme du Temple de Lanleff


Avec sa construction en rotonde, le temple de Lanleff intrigue depuis des siècles.

Pas étonnant dès lors que s'y attache le légendaire.

Certains voyaient à Lanleff un temple gallo-romain, d'autres un baptistère mérovingien. Quant aux romantiques, ils n'ont pas hésité à qualifier le bâtiment de sanctuaire d'origine celtique : les Celtes ont toujours affiché un profond respect pour le symbolisme du cercle.

 

Aujourd'hui, tous les chercheurs se rejoignent pour dater la construction de la curieuse église au XIe siècle. L'édifice est de style roman, et son magnifique granit rose lui confère une austérité toute monastique. Quant à son inspiration en cercle, elle serait plus d'origine palestinienne (à l'imitation du Saint-Sépulcre de Jérusalem) que celtique.

 

Un troc avec le diable

Une légende est liée au temple de Lanleff. Une pauvre et affreuse femme fit un troc avec le diable : son enfant en échange de pièces d'or. Lucifer conclut l'affaire et déposa une poignée de pièces sur la margelle de la fontaine, sise près du temple. Puis il saisit l'enfant et l'emporta. Quant la mère indigne voulut récupérer son butin, elle se brûla gravement : les pièces sortaient tout juste des flammes de l'enfer. Dans un cri de douleur, elle lâcha l'or si convoité et les pièces s'incrustèrent à tout jamais dans le granit de la margelle.

Si vous passez par Lanleff, rendez-vous à la fontaine. Vous mouillerez la margelle et 14 pièces apparaîtront.

Mais réfléchissez bien avant de les saisir et de les empocher..


La légende de l'Ankou


Les anciens Celtes ne craignent pas la mort puisque, pour eux, elle représente le commencement d'une vie meilleure. Les Bretons christianisés conçoivent la mort de la même façon, comme une chose simple, naturelle.

Mais de l'Ankou, ils ont peur...

 

Les  nombreux ossuaires, édifices, où s'entassent les ossements des défunts, témoignent de la familiarité des Bretons par rapport à la mort : les paroissiens méditent naturellement devant les crânes. Par ailleurs, les âmes trépassées 'an Anaon' ne sont jamais loin.

 

Autrefois, lors des moments importants tels Noël ou surtout la Toussaint, il était courant de laisser à leur intention dans la maison, un bon feu, quelques crêpes. Cependant, la crainte des Bretons apparaît à l'évocation de l'Ankou, en breton 'Anken', signifie chagrin, "Ankoun" oubli.

 

Maître de l'au-delà, l'Ankou est omnipotent. Il est dépeint comme un squelette, parfois drapé d'un linceul, tenant une faux emmanchée à l'envers. Des représentations anciennes le montrent armé d'une flèche ou d'une lance.

 

Mise en garde conte l'oubli

L'Ankou circule la nuit, debout sur un chariot dont les essieux grincent. Ce funèbre convoi est le "karrig an Ankou", char de l'Ankou (ou "Karriguel an Ankou" littéralement brouette de l'Ankou), remplacé par le "Bag nez", bateau de nuit dans les régions du littoral. Entendre grincer les roues du "Karrig an Ankou" ou croiser en chemin le sinistre attelage sont des signes annonciateurs de la mort d'un proche.

 

 

L'odeur de bougie, le chant du coq la nuit, les bruits de clochettes sont également interprétés comme des signes annonciateurs de mort. L'implacable Ankou nous met en garde contre l'oubli de notre fin dernière. Ces sentences sont gravées sur les murs d'ossuaires ou églises : « Je vous tue tous' (Brasparts et La Roche-Maurice), 'Souviens-toi homme que tu es poussière' (La Roche-Maurice) ou encore, inscrit en breton, 'La mort, le jugement, l'enfer froid : quand l'homme y pense, il doit trembler' (La Martyre).


Le mythe d'Arthur, de la table ronde et du Graal...

Merlin, conseiller du roi use de sa magie pour que naisse Arthur, futur roi de grande et petite Bretagne. Après avoir extrait l'épée Excalibur de son fourreau de pierre, Arthur fonde la Table Ronde et lance ses chevaliers dans l'aventure du Graal.

Après avoir unifié son royaume, Arthur épouse Guenièvre, fille du roi Léodegan de Carmélide et crée la fraternité de la Table Ronde, autour de laquelle se réunit le meilleur de la chevalerie. Les preux chevaliers partagent leur vie entre la cour d'Arthur et la solitude sur les chemins périlleux de l'aventure. Ils font promesse de ne se dérober à aucun des dangers ou des enchantements qui se présentent à eux.

 

La plus fascinante de leurs aventures s'ordonne autour de la Quête du Graal, une coupe sacrée et mystérieuse porteuse de tous les bienfaits du monde. De cette coupe, on a souvent prétendu qu'elle avait recueilli le sang du Christ. Mais la civilisation chrétienne, dans son approche ésotérique, ne saurait se prévaloir d'aucune paternité sur un symbolisme que l'on retrouve tant en Occident (sous sa forme celtique) qu'en Orient.

 

La quête du Graal

Parmi les chevaliers qui partirent à sa recherche, on trouve Gauvain, Perceval et surtout le Breton continental Lancelot du Lac, ainsi nommé parce qu'il a été élevé par Viviane, fée des eaux et Dame du Lac. La passion de Lancelot, pourtant le meilleur des chevaliers, pour la reine Gueniève, le rend indigne de trouver le Graal. Perceval, son écuyer, apercevra la lumière du Graal mais ne saura pas poser la question qui aurait permis d'en percer le secret. Galaad, le fils de Lancelot, en aura la révélation, mais il en mourra.

 

Au chateau de Comper

Au coeur de la Forêt de Brocéliande, dans un site chargé d'histoire et de légendes, au Château de Comper, se trouve aujourd'hui le centre de l'Imaginaire Arthurien. Un lieu magique où, par une volonté de quelques passionnés, vit encore la légende d'Arthur. Le centre s'est donné pour vocation d'honorer les oeuvres modernes ou anciennes consacrées au légendaire de la Table Ronde et d'en favoriser la diffusion auprès du public. Le Château de Comper, en Brocéliande, est aujourd'hui un lieu de mémoire extraordinaire, un réservoir d'images et de références indispensables, un endroit où la présence des aventuriers du Graal semble presque réelle.

 


La légende d'Azénor

Cette magnifique forteresse témoigne entre autres de la puissance des comtes de Léon jusqu'au milieu du XIVe siècle. Outre le donjon qui domine la Penfeld, de nombreuses tours et bastions érigés du XIIIe au XVIIe siècle composent les impressionnantes défenses de l'ouvrage. Relique du premier château féodal, la tour Azénor (XIIIe) rappelle la tragique histoire de la fille du comte Even. On dit en effet que c'est ici que la jeune femme aurait été injustement emprisonnée.

 

Les faits se déroulèrent en 537. Épouse du comte Chunaire de Goëlo depuis à peine quelques mois, la jeune Azénor subissait continuellement les critiques acerbes de sa marâtre, la seconde femme de son père. Cette dernière ne manquait jamais une occasion de la calomnier et de porter le discrédit sur la nouvelle mariée. Elle fit tant et si bien qu'elle réussit à convaincre le comte de l'adultère de sa femme.

 

Fou de jalousie et se croyant déshonoré, il la fit ramener chez son père et emprisonner dans la tour qui porte son nom. Même de là, les gens, émus, l'entendaient prier pour ses propres bourreaux. Selon la sentence prévue, elle devait être brûlée vive pour avoir pêché. Mais, le jour en question, le feu ne voulut pas prendre. Elle fut alors placée dans un tonneau qui fut jeté à la mer. On dit alors qu'un ange l'accompagna, la protégeant contre vents et marées.

 

Elle accosta quelques mois plus tard sur la terre d'Irlande, ayant mis au monde un beau garçon qu'elle appela Budoc. Sa belle-mère, à l'approche de la mort, finit par avouer sa forfaiture. Le comte s'en alla alors par monts et par vaux, recherchant de pays en pays celle qu'il avait injustement condamnée. Débarquant en Irlande, il remarqua un jeune enfant, le vivant portrait d'Azénor. Ce dernier le mena alors à sa mère, devenue lavandière. Puis ils rentrèrent tous trois en Bretagne.

 

 

La légende dit aussi, selon une autre version, que Budoc préféra consacrer sa vie à Dieu dans un monastère irlandais puis que, fuyant les honneurs, il gagna la Bretagne sur une auge de pierre. On raconte qu'il débarqua sur le littoral de Porspoder -L'église est d'ailleurs placée sous son patronage- puis qu'un an plus tard il exerça son patronage à Plourin. L'inspiration divine le mena ensuite jusqu'à Dol, où il tint une charge importante auprès de l'évêque Magloire pendant une vingtaine d'années.


Les korrigans

Les Korrigans sont extrêmement riches, mais aussi incroyablement avares. La légende leur donne notamment des capacités d’alchimistes, ce qui expliquerait leur richesse. Ces lutins sont des esprits prenant l’apparence de nains dans la légende celtique et plus particulièrement bretonne. Parfois bienveillants ou facétieux, on les décrit ayant une magnifique chevelure et, la nuit, des yeux rouges lumineux pour ensorceler les mortels.

Peu actifs en hiver, une légende bretonne raconte qu’à l’arrivée des beaux jours, ils appellent les mortels à la tombée de la nuit pour les faire venir autour d’un feu où dansent des korrigans. Ce rituel leur permet d’augmenter la puissance de certains de leurs pouvoirs.

D’autres légendes racontent qu’ils ne sont pas méchants mais seulement espiègles. Ils s’amusent et jouent des tours pendables à tous ceux qui leur manquent de respect et qui les dérangent. Ils proposent des défis qui, s’ils sont réussis, donnent le droit à un vœu mais qui peuvent, en cas d’échec, se transformer en pièges.

Quant à ceux qui les traitent comme il convient, ils leur témoignent leur bienveillance et leur rendent beaucoup de services. Ils sont dotés d’une force extraordinaire.